Tome VI Sortie Française le 21 Mai 2014
Salut à tous !
Histoire de changer un peu de mes critiques habituelles je vais tâcher de varier les plaisirs en même temps que les genres, et ça commence dès maintenant avec un manga.
Oui, je sais, critiquer un manga et un roman consiste en deux démarches fondamentalement différentes... L'un se lit "vite" (et encore, quand on profite pleinement de sa lecture, qu'on admire vraiment le dessin, ou qu'on se retrouve face à un scénario bien plus complexe qu'il ne pourrait y paraître dont nos amis nippons ont le secret...), l'autre prend un temps souvent supérieur ; l'un est illustré et fait donc jouer beaucoup d'effets, d'émotions, de découvertes par le visuel, là où l'autre doit décrire sans être lourd ni trop avare... Oui, c'est sans conteste un travail différent de critiquer un manga d'un roman. Mais partant du principe que ce qu'on fait avant tout sur Avalon Fantasy c'est parler d'une histoire et de la façon dont elle nous est racontée, je ne vois pas de raison de me priver. l'introduction étant posée, attaquons le vif du sujet.
Terra Formars, puisque c'est de lui qu'il s'agit, nous raconte l'histoire d'un futur pas vraiment rose pour l'humanité. Au 26ème siècle, la surpopulation et l'épuisement des ressources nous fait nous tourner vers l'espace, et donc vers Mars, planète à laquelle il convient de donner une atmosphère si on veut s'en faire une résidence secondaire. Pour ce faire, les humains usent d'une sorte de lichen et de cafards génétiquement modifiés afin qu'ils pullulent et assombrissent la surface de la planète, provoquant son réchauffement et l'évaporation de ses eaux gelées. Un plan audacieux qui est suivi par l'envoi d'une mission d'éradication des cafards après ces bons et loyaux services... Mais tout ne se passe pas comme prévu (car dans les ténèbres d'un lointain futur... nope, je me goure de texte là...)
En effet, la première mission d'éradiction sobrement nommée "BUGS 1" disparait et une seconde est donc envoyée avec à son bord des personnages qui sont tous porteurs d'une technologie biologique nouvelle, leur conférent une force d'un genre nouveau qui va leur être plus qu'utile : leur ADN a été mélangé avec celui de divers animaux, ceci permettant une transformation partielle en hybride de combat (après injection d'une dose de produit chimique déclencheur, la transformation étant temporaire). Et punaise, ils vont avoir besoin de s'en servir, de leurs capacités !
En effet, les cafards ont évolués en un rien de temps, les modifications génétiques apportées par l'homme et le climat extrême de la planète rouge leur ayant permis d'atteindre le stade du primate, mais avec leurs capacités d'insecte transcendées ! Extrêmement forts, rapides, efficaces comme jamais dans l'art de tuer, les cafards sont désormais chez eux et ne veulent pas de nous dans leur maison !
Disons le tout net, ce manga n'est pas un Seinen pour rien (manga pour jeune homme, ndlr). Effets gores en cascades, massacres sans nom, combats épiques et dépassement de soi sont les marques de ce qui fait l'esprit de Terra Formars. Un conseil : ne vous attachez à personne dans cette histoire, car les survivants sont peu nombreux et toujours en sursis ; les habitués du genre manga suivent généralement l'idée qu'un personnage que l'on commence à bien connaître sera épargné par le scénariste au nom du fan service : il n'en est rien !
Je n'en dirais pas plus sur l'intrigue en elle-même, mais je tiens cependant à préciser que ceux qui voudraient un bête manga de baston seraient déçus sur un point : il y a de la complexité en grande quantité au fil des tomes, et c'est très agréable. Complot, zones d'ombres, manipulations et mensonges enrichissent un scénario jouant avec nos nerfs avec la carte du mystère, tandis que les nombreuses informations scientifiques parlant des animaux avec lesquels les hommes ont été mélangés, ou les cafards eux-même, sont légions. Les personnages, intéressants quoique souvent "classiques" pour du manga (les plus méchants diraient "caricaturaux") portent à nous faire toucher au domaine de l'émotiona avec empathie et efficacité. Le rythme et la construction, sans conteste répétitifs au fil des tomes (comme le serait une série de films d'action en somme), s'avèrent efficaces et suffisamment retors pour nous tenir en haleine en permanence. Les scènes de combat sont bien exécutés, aidées en cela par un graphisme que je qualifierais de "carré". Carré, oui, dans le sens où les proportions n'ont pas le réalisme presque "parfait" propre à un Naoki Urasawa, mais est aussi réaliste que possible tout en étant agréable à l'oeil. Suffisamment marqué pour ne pas ressembler à toutes ces productions au graphisme archiclassique et pour ainsi dire "sans âme" que l'on peut trouver un peu partout, Terra Formars a incontestablement une "Gueule", une vraie ! C'est avec fébrilité que l'on suit les batailles, intérêt que l'on suit le scénario, et plaisir que l'on profite du design.
Pensé pour être efficace, Terra Formars est en ce qui me concerne une réussite à tous points de vue, le seul réel défaut de ce genre est qu'il n'est pas très "ouvert". Un Seinen est un Seinen, un Drama est un Drama, et un Gemmell est un Gemmell, en somme, et le seul "reproche" qu'on peut donc lui faire sera sans doute d'être trop marqué par son genre pour être tout public. J'aurais tendance à gager (on se refait pas), qu'il sait pourtant rassembler des fans de diverses provenances de part son aspect brut de décoffrage et son scénario intriguant et intelligent.
De la bonne Science Fiction comme je l'aime, et des tomes que l'on collectionnera avec joie, voila avant tout ce qu'il faut en retenir ! Terra Formars mérite un bon gros 17 sur 20 !
Merci de m'avoir lu jusqu'au bout. Mes prochaines critiques porteront, histoire d'équilibrer, sur un manga de Dark Fantasy, une saga MP3 de SF, le roman Deathwatch de l'univers de Warhammer 40000 (oui, je sais, j'avais dit que j'allais stopper...) et enfin, la Horde du Contrevent de Alain Damasio (qui est assez dur à lire bordel, mais je l'aurais !).
Vous voyez, j'ai du boulot, mais en attendant je dis bonne lecture, et à vous les studios !
Farmace Rhaiden, le 21/05/2014